La
découverte de l'atome |
Un problème de division et d 'échelle
450
avant JC : l'idée atomique est née sur les bords
de la mer Egee, iI y a presque 2 500 ans. Le philosophe grec Leucippe
et son disciple Démocrite ont, les premiers, suggéré
que toute matière était composée de particules
infimes et invisibles à l'il nu.
Cette idée a sans doute germé en regardant les plages
qu'ils avaient constamment sous les yeux: si on regarde une plage
du haut d'une falaise il est impossible de savoir qu'elle est composée
de petits grains; pour s'en apercevoir il faut s'en approcher très
près; la matière c'est pareil, elle est constituée
de petits grains mais à notre échelle il est impossible
de s'en apercevoir.
Des réflexions encore plus philosophiques sont venues renforcer
leurs idées: en admettant que l'on puisse briser un objet
en fragments de plus en plus petits, raisonnaient-ils, il y a forcément
un moment où I'on atteint le plus petit morceau de matière
qu'il soit possible de casser. Si tel n'était pas le cas,
il faudrait supposer que n'importe quel corps peut être divisé
à l'infini. On ne pourrait faire alors aucune différence
entre le vaste Univers et un simple grain de sable, tous deux contenant
une infinité de mondes ! Absurde ! |
Démocrite
appela atomos, qui signifie "qu'on ne peut pas couper ", les morceaux
ultimes de la matière.
Mais un peu plus tard Aristote proposa que toute matière
était composée de 4 éléments : l'eau,
l'air, la terre et le feu. Cette conception perdura jusqu'au début
du 19ème siècle.
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Question
de proportions
1808 : un chimiste anglais, John Dalton, démontre
en 1808 que deux gaz quelconques se combinent toujours dans des
proportions de poids simples. Ainsi 1 g de dihydrogène réagit
avec 8 g de dioxygène pour former 9 g d'eau. Selon Dalton,
ces résultats s'expliquent si l'on suppose que la matière
est constituée des petites particules indivisibles imaginées
par les Grecs. À chaque élément chimique correspond
un et un seul type d'atomes avec un poids bien défini. Les
gaz réagissent selon des rapports de poids simples, affirme
Dalton, parce que les atomes dont ils sont constitués se
mélangent selon des proportions simples et entières
comme des billes. |
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Un an plus
tard, un chimiste français, cette fois, Louis Joseph Gay
Lussac, renforce l'interprétation de Dalton en découvrant
que les gaz se combinent aussi selon des volumes simples: ainsi
1 L de dioxygène réagira toujours avec 2 L de dihydrogène.
Et si les anciens Grecs avaient deviné juste ? |
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Liaisons
électriques
1832:
En admettant que la matière soit composée de ces insaisissables
atomes, par quelle étrange alchimie parviennent-ils à
se lier pour former de nouveaux composés ? En 1832, un physicien
britannique, Michael Faraday, lève un coin du voile. Il fait
passer un courant électrique dans une cuve remplie d'eau,
et constate que du dihydrogène se dégage à
l'électrode négative, et du dioxygène à
l'électrode positive. |
En mesurant
la quantité de gaz produits, il se rend compte qu'elle
dépend directement de la quantité d'électricité
qui a circulé dans la cuve; le courant électrique
coupe apparemment l'eau en ses 2 éléments chimiques
de base (cela s'appelle une électrolyse). Faraday ne voit
qu'une explication au phénomène: I'électricité
doit être, d'une manière ou d'une autre, la force
qui lie les atomes entre eux.
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L'électron
identifié
1897:
Julius Plucker, physicien allemand, observe un phénomène
très curieux en 1858: au passage d'un courant électrique,
une étrange lueur verte brille sur les parois d'un tube
de verre soumis au vide ! Jean Perrin, en 1895, met en évidence
des charges négatives dans ce rayonnement. S'agit-il d'un
faisceau de particules inconnues ou bien d'une onde lumineuse
? En 1897, Joseph Thomson montre que ce "pinceau de lumière"
est dévié lorsqu'il passe entre deux plaques métalliques
chargées : il ne s'agit donc pas d'une
onde (qui ne peut être déviée) mais bien de
particules
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négatives,
dont il parvient même à calculer la masse infime (9,1
x 10-31 kg). Thomson baptise "électrons" ces vecteurs
d'électricité et propose un
premier modèle de l'atome. |
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Des atomes à la casse
1903:
ainsi la matière n'était pas composée de petites
billes homogènes, comme on l'avait cru jusqu'alors: voilà
qu'on décelait des particules -les électrons-1 800
fois plus légères qu'un atome d'hydrogène !
En 1896, un physicien français, Henri Becquerel, se rend
compte par hasard que les sels d'uranium impressionnent une plaque
photographique. Deux ans plus tard, Pierre et Marie Curie découvrent
que deux autres éléments chimiques, le radium et le
polonium, produisent un rayonnement encore plus intense que l'uranium.
Mais ce n'est qu'en 1903 qu'un physicien et un chimiste britanniques,
Ernest Rutherford et Frederick Soddy, comprennent que la "radioactivité", |
comme l'a appelée Marie Curie, provient de la transformation
d'un atome en un autre.Les atomes peuvent donc se casser ! La découverte
fait sensation et modifie définitivement la conception des
scientifiques sur la matière. |
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Un système solaire miniature
1913
L'uranium crachait, semble-t-il, non seulement des électrons,
mais aussi des particules positives beaucoup plus massives, qui
se révèleront plus tard être des protons. Dès
lors, on pouvait supposer que l'atome, électriquement neutre,
était un assemblage de ces deux types de particules. Restait
à comprendre leur agencement exact.
De 1906 à 1908, deux élèves de Rutherford bombardent
avec des protons de fines feuilles d'or. La quasi-totalité
des projectiles traversent l'obstacle en ligne droite, prouvant
que la matière est surtout faite de vide. Quelques particules,
cependant, ont été déviées dans leur
course, comme repoussées par un objet de même charge.La
majeure partie de la masse de l'atome, estime Rutherford, doit être
concentrée dans un petit noyau positif. |
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Ces résultats conduiront Rutherford à proposer, en 1910, un modèle
atomique comparable au système solaire: autour d'un noyau soleil
constitué de protons gravitent des " électrons planètes" chargés
négativement. Ce modèle fut perfectionné par Niels Bohr, un physicien
danois, en 1913, qui proposa que les électrons ne pouvait occuper
que des orbites bien précises.
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Flous,
flous, flous
1925: Pendant les
Années Folles, une nouvelle théorie-la mécanique
quantique-soutient que les électrons ne sont en fait ni des billes
ni des planètes, mais des sortes de nuages ! Au grand dam d'Einstein,
qui déteste l'incertitude, Werner Heisenberg démontre qu'il
est impossible de connaître en même temps la vitesse et la
position d'une particule. En
1932, la composition de l'atome
sera définitivement établie. Le noyau apparaît comme
un assemblage de "grains de matière" positifs et neutres, appelés
respectivement " protons" et "neutrons", le tout baignant dans un nuage
électronique.
Texte tiré de sciences et
vie junior 67
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